Plus qu’un mouvement politique, les Gilets Jaunes sont un phénomène de société. Né d’une colère populaire légitime à défaut d’être légale, il éveille les consciences et libère les paroles. Ce phénomène secoue toutes les strates sociales et surtout celles qui ne demandent pas à l’être. Il n’a pas encore de forme précise, celle-ci devant se dessiner en fonction des forces qui se l’approprieront. Mais en dépit de son caractère original, voire de jamais-vu, il n’échappe pas à la dualité historique des mouvements sociétaux déchirés entre la volonté révolutionnaire et le désir réformiste. Dans le cas des Gilets Jaunes, une originalité supplémentaire réside dans le fait que la tendance qui semble révolutionnaire, c’est à dire les manifestations de rue médiatisées, s’inscrit en réalité dans une trajectoire réformiste, et que la tendance qui semble réformiste, c’est à dire le travail de réflexion en salle ignoré du grand public, poursuit en fait un véritable objectif révolutionnaire. Ces deux injonctions contraires et complexifiées sont-elles de nature à engendrer une dérive schizophrénique, similaire au double-bind de Gregory Bateson ? Comme en psychologie, la solution viendra de la clarification.
Conférence du 3 octobre 2019 au Palais du travail de Lyon Villeurbanne animée par Christian Laurut, chercheur indépendant en économie politique et organisation sociétale. Membre du comité d’organisation de l’assemblée des assemblées de Montceau-les-Mines (ADA3).