Tout comme l’écologie, la décroissance a plusieurs visages. Dans les deux cas, la signification initiale du mot peut être instrumentalisée au profit de telle ou telle vision prospectiviste de la société. La décroissance, tout comme la croissance, qui n’est finalement que l’autre versant d’une seule et même montagne, plissement humain fondamentalement dépendant de la géologie, est constitutive du comportement de l’homme moderne, régissant aussi bien ses aspects biologiques, que physiologiques, évolutifs, sociaux, religieux, psychologiques, géographiques, et donc, à ce titre, peut (/doit) être étudiée d’un point de vue anthropologique. En terme plus trivial, nous dirons qu’il y a finalement assez peu de différence entre la structure de pensée de l’indien Bororo du Mato Grosso étudié par Claude Lévi Strauss en 1936 et celle de l’homo economicus étudié par Nicholas Georgescu Roegen plus récemment. Seuls les types de représentations changent, mais l’un comme l’autre, le Bororo et l’Economicus, sont mentalement conditionnés par des mythes, dont nous nous proposons de mettre en lumière les caractéristiques. C’est ainsi que, pour face ou groupe encore largement dominant des adorateurs de la croissance, (ou croyants religieux), nous pouvons identifier au moins cinq typologies différentes de décroissants : les objecteurs de croissance (ou activistes anticléricaux), les athées transitionistes, les agnostiques inquiets (ou écologistes politiques), les athées constructivistes, (ou résilients politiques) auxquelles est venue s’ajouter récemment celle des effondristes (ou collapsologues apolitiques).
Conférence de Christian Laurut le 20 décembre 2019 au Palais du travail de Villeurbanne https://christianlaurut.com/